13
Un nouveau foyer

 

 

— Assez ! Assez ! supplia le maître-terrassier pour tenter de faire ralentir son compagnon. Magga cammara, elfe noir ! Ils sont loin derrière nous, maintenant.

Drizzt se retourna, les yeux luisant de rage, ses cimeterres prêts à frapper. Belwar recula par précaution.

— Calme-toi, mon ami, dit doucement le svirfnebelin. Il n’y a plus de danger.

Le drow prit une profonde inspiration pour se calmer et finit par ranger ses cimeterres dans leur fourreau.

— Ça va ? lui demanda le gnome en se rapprochant de lui.

L’elfe avait le visage ensanglanté, du fait de la blessure qu’il s’était faite au moment où il avait heurté le rebord de la passerelle.

— C’est à cause du combat, tenta-t-il d’expliquer, toute cette excitation… J’ai dû libérer…

— Ne te justifie pas, coupa Belwar. Tu as bien fait, elfe noir. Plus que bien fait, car, sans toi, nous serions sûrement morts.

— Elle est revenue, reprit Drizzt. La part sombre en moi que je croyais disparue…

— Tu te trompes.

— Mais non ! J’étais de nouveau cette bête féroce face aux hommes-oiseaux. C’est elle qui guidait mes lames sauvages et impitoyables.

— Je t’assure que tu contrôlais toi-même tes épées.

— Mais cette rage, cette colère aveugle ! Tout ce que je voulais c’était les tuer, les tailler en pièces.

— Si c’était le cas, nous y serions encore. Grâce à toi, nous avons pu nous échapper. Il y avait encore de nombreux corbies à tuer, et pourtant tu nous as conduits hors de la grotte. Tu as ressenti de la colère ? Sûrement, mais elle était loin d’être aveugle. Tu as fait ce que tu avais à faire et tu as eu raison, elfe noir. Tu n’as d’excuses à faire à personne, ni à moi ni à toi !

Drizzt s’adossa à la paroi. Les paroles de son ami le réconfortaient. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser à la fureur qui l’avait submergé quand Guenhwyvar était tombée dans l’acide. Parviendrait-il un jour à la contrôler ?

Malgré son sentiment de malaise, l’elfe était heureux d’avoir son ami svirfnebelin à ses côtés, car s’il avait été seul le chasseur n’aurait pas disparu aussi rapidement.

Drizzt secoua sa longue chevelure blanche pour dissiper complètement les dernières traces de son autre lui-même. En y repensant, il se sentait idiot d’avoir commencé le combat contre les hommes-oiseaux en utilisant le plat de ses lames ; à l’heure qu’il est, Belwar et lui seraient encore dans la caverne si son instinct de tueur n’avait pas pris le dessus, s’il n’avait pas su ce qui était arrivé à Guenhwyvar.

Se remémorant la cause de sa fureur, il se tourna soudain vers le gnome.

— La statuette ! Tu l’as toujours ? s’écria-t-il.

Belwar sortit l’objet de sa poche.

— Magga cammara ! Peut-être qu’elle est blessée ? Quel effet peut avoir l’acide sur elle ? Peut-être qu’elle a réussi à s’échapper dans le plan astral ? conjectura le gnome dont la voix empreinte d’émotion menaçait de se briser à chaque instant.

Drizzt prit la figurine dans ses mains tremblantes et la regarda attentivement. Si elle était blessée, il valait mieux qu’il la laisse récupérer dans le plan astral, mais il ne pouvait rester plus longtemps sans savoir ce qui lui était arrivé. Il posa la statuette au sol et l’appela.

Les deux amis poussèrent un soupir de soulagement quand ils virent la fumée noire commencer à tourbillonner. Belwar alluma sa broche afin de pouvoir observer plus facilement le félin.

Une vision cauchemardesque fit son apparition sous leurs yeux. Guenhwyvar était en piteux état. Sa fourrure noire et soyeuse avait brûlé, laissant même voir par endroits sa chair à vif. Elle avait des blessures profondes allant jusqu’à l’os, et l’un de ses yeux, horriblement mutilé, restait fermé. Elle vacilla en essayant de les rejoindre mais Drizzt se précipita vers elle, tomba à genoux et enserra son cou de ses bras.

— Guen, murmura-t-il.

— Est-ce qu’elle va guérir ? demanda Belwar, la gorge nouée.

Le drow était complètement perdu. Il n’avait jamais vu la panthère aussi gravement touchée. Il ne lui restait qu’à espérer quelle récupérerait de ses blessures dans le plan astral.

— Retourne chez toi, mon amie. Repose-toi et soigne-toi. Je te ferai venir dans quelques jours.

— Ne peut-on rien faire pour elle ici ? demanda le gnome tandis que le félin disparaissait dans la fumée.

— Rester dans notre dimension amenuise ses forces. La garder plus longtemps avec nous compromettrait sa survie. Elle aura de meilleures chances de guérir en demeurant au repos dans son plan d’origine, expliqua l’elfe.

Il regarda longuement la statuette d’onyx avant de se résoudre à la remettre dans sa poche.

 

 

Une épée réduisait un lit en morceaux pendant qu’une autre déchirait une couverture en lambeaux. Sa besogne achevée, Zaknafein regarda les pièces d’argent sur le sol. Le piège était grossier. Et pourtant, ce campement – et la perspective que Drizzt Do’Urden y revienne – l’avait maintenu sur le qui-vive pendant plusieurs jours !

Drizzt Do’Urden était parti, et il s’était donné beaucoup de mal pour faire savoir qu’il avait quitté Blingdenpierre. L’esprit-fantôme prit un moment pour analyser la nouvelle situation. La nécessité de penser, de faire appel à l’être rationnel – et pas seulement instinctif – que Zaknafein avait été réveilla inévitablement le conflit opposant la créature morte-vivante à l’esprit de l’être qu’elle retenait captif.

 

 

Dans son antichambre, la Matrone Malice Do’Urden sentait le conflit intérieur qui agitait sa créature. Contrôler un esprit-fantôme par le Zin-carla était une tâche éprouvante ; Malice devait constamment alterner chants et sorts pour que son esprit submerge les émotions et l’âme de Zaknafein Do’Urden.

 

 

L’esprit-fantôme vacilla quand il sentit l’intrusion de la volonté de Malice, puis il obéit. En une seconde, il se mit à étudier la petite caverne que Drizzt et une autre créature, sûrement un svirfnebelin, avaient transformée en un faux campement. Cela faisait maintenant près de dix jours qu’ils avaient quitté Blingdenpierre.

Zaknafein quitta la grotte et rejoignit le tunnel principal. Il huma l’air dans une direction, puis dans une autre ; il se tourna, s’accroupit et huma l’air de nouveau. Le sort de localisation dont Malice l’avait doté était inefficace sur de telles distances, mais la rapide inspection à laquelle Zaknafein venait de procéder avait confirmé ses soupçons : Drizzt était parti vers l’ouest. Il avait dix à vingt jours d’avance sur lui, mais cela ne l’inquiétait pas outre mesure. Lui n’avait besoin ni de dormir, ni de se reposer, ni de manger, alors que sa proie principale était un être de chair et de sang, un être mortel et donc… vulnérable.

 

 

— Quelle est cette étrange créature ? chuchota Drizzt à Belwar alors qu’ils regardaient un curieux bipède vêtu d’une longue tunique qui remplissait des seaux près d’un ruisseau.

L’ensemble des tunnels de la zone était illuminé par la magie, mais les deux compagnons étaient bien protégés, tapis dans l’ombre d’une avancée rocheuse située à plusieurs dizaines de mètres du bipède.

— C’est un homme, répondit le gnome. Un humain de la surface.

— Il est loin de chez lui, remarqua Drizzt, et pourtant il semble être à l’aise dans cet environnement. Je ne pensais pas qu’un homme de la surface puisse survivre dans l’Outreterre, cela va à l’encontre de tout ce que l’on m’a appris à l’Académie.

— C’est sûrement un sorcier. Cela expliquerait à la fois la lumière et sa présence ici. (L’Elfe interrogea son ami du regard.) Les sorciers sont bizarres, surtout les humains. Les sorciers drows pratiquent la magie pour le pouvoir, les magiciens svirfnebelins pour mieux comprendre les pierres, mais les sorciers humains… (Il continua, méprisant.) Magga cammara, elfe noir, ils sont pires encore.

— Pourquoi les sorciers humains pratiquent-ils la magie ? demanda l’elfe.

— Je crois qu’aucun érudit n’a jamais compris leurs motivations, répondit Belwar en secouant la tête. Les humains sont une race étrange et imprévisible, il vaut mieux ne pas s’en approcher.

— Tu en as déjà rencontré ?

— Quelques-uns ; des marchands, laids et arrogants. Ils se comportent comme si le monde entier leur appartenait.

Sans s’en rendre compte, Belwar avait haussé le ton sur la fin de sa phrase. La silhouette en robe se tourna vers eux.

— Venez izi, pitits rongeurs, appela l’humain dans un langage qu’ils ne comprenaient pas.

Le sorcier réitéra son invitation dans d’autres langues : en langue drow, ensuite dans deux dialectes inconnus, et enfin en langage svirfnebelin. Les deux compagnons n’en croyaient pas leurs oreilles.

— C’est un érudit, murmura Drizzt.

— Des rats, propablement, marmonna l’humain pour lui-même.

Il continuait à regarder autour de lui, essayant de repérer ces petites créatures bruyantes qui pourraient améliorer son prochain repas.

— Allons voir si c’est un ami ou un ennemi, murmura l’elfe en sortant de la cachette.

Belwar, méfiant, voulut d’abord l’en dissuader puis, se fiant à son intuition, il le laissa continuer.

— Salutations, humain si loin de chez toi, dit l’elfe dans sa langue maternelle.

L’humain écarquilla les yeux et se mit à lisser nerveusement sa barbe blanche.

— Vous n’êtes bas des rats ! s’écria-t-il dans un drow maladroit mais compréhensible.

— Non, répondit Drizzt. (Il se tourna vers Belwar qui s’approchait.)

— Vous êtes des foleurs ! Venus biller mes biens !

— Non plus.

— Bartez ! hurla l’humain en battant des mains comme on le fait pour disperser des poules. Ouste, déparassez le plancher, rapitement !

— Non, dit Drizzt pour la troisième fois après avoir échangé un regard perplexe avec Belwar.

— C’est ba maison, stupite elfe noir ! Est-ce que je t’ai débandé de venir ? As-tu reçu une invitation ? Ou peut-être que toi et ton betit ami très laid êtes le comidé d’accueil ?

— Fais attention, chuchota le svirfnebelin à Drizzt, c’est un magicien, c’est sûr, et il est très bizarre, même selon les standards humains.

— Ou beut-êdre que les drows et les gnomes des profondeurs ont peur de moi ? Pien sûr ! Ils ont appris que moi, Brister Fendlestick, j’ai décité de m’installer ici, et ils se sont alliés pour me nuire ! C’est clair maindenant, pensa le sorcier tout haut.

— J’ai déjà combattu des sorciers, dit l’elfe à Belwar, parlant à mi-voix. Espérons que nous pourrons régler cette affaire sans échange de coups. Quoi qu’il arrive, je n’ai pas du tout envie de rebrousser chemin. (Belwar acquiesça d’un air sinistre. Tout en se tournant de nouveau vers l’humain, l’elfe ajouta :) Peut-être pourra-t-on le convaincre de nous laisser passer ?

L’humain semblait être au bord de l’explosion.

— Vous ne pardez donc pas ! hurla-t-il soudain. Bien ! Alors resdez donc où vous êdes !

Drizzt comprit qu’il avait eu tort de croire qu’il pourrait parlementer avec celui-là. Il se rapprocha avant que le magicien ait le temps de lancer une attaque.

Mais ce dernier avait appris à survivre dans l’Outreterre et ses défenses étaient en place – elles l’étaient avant même que les deux amis fassent leur apparition. Il agita les mains et prononça un mot que ni l’elfe ni le gnome ne comprirent. L’anneau qu’il portait au doigt se mit à briller intensément et envoya une petite boule de feu vers les intrus.

— Pienvenue chez moi, alors ! Amusez-fous pien ! dit le magicien d’une voix triomphante.

Il claqua des doigts et disparut.

Drizzt et Belwar pouvaient sentir l’énergie explosive qui se concentrait autour de la boule.

— Fuyons ! cria le maître-terrassier en faisant demi-tour.

À Blingdenpierre, la magie avait une vocation purement défensive mais, à Menzoberranzan, elle était utilisée pour l’attaque. L’elfe, qui connaissait la magie, avait identifié le sort dont s’était servi le sorcier. Fuir dans ces couloirs étroits et tortueux ne leur servirait à rien.

— Non ! cria-t-il en attrapant son ami par le col et en l’obligeant à courir vers la boule lumineuse.

Belwar faisait suffisamment confiance à Drizzt pour le suivre sans poser de question. Ce n’est que lorsqu’il put s’arracher au spectacle de l’orbe qu’il comprit que son ami l’entraînait vers le ruisseau.

Ils plongèrent dans l’eau la tête la première, se blessant légèrement en heurtant des pierres, au moment même où la boule de feu explosa.

Quelques instants plus tard, ils refirent surface ; des volutes de fumée s’échappaient de l’arrière de leurs vêtements – la seule partie à ne pas avoir été immergée au moment de leur plongeon. Ils toussaient et crachaient, car les flammes avaient quasiment consommé tout l’oxygène de la grotte et la chaleur qui se dégageait des pierres encore incandescentes les étouffait.

— Ah, ces humains ! pesta Belwar.

Il sortit de l’eau et se secoua vigoureusement. Drizzt le rejoignit et ne put s’empêcher de rire. Le gnome ne trouvait rien de drôle à leur situation et rappela au drow que le magicien pouvait encore être dans les parages. Drizzt s’accroupit instantanément et scruta les alentours d’un regard inquiet. Ils finirent par quitter rapidement cet endroit.

 

 

— On est arrivés chez nous ! s’exclama le gnome deux ou trois jours plus tard.

Perchés sur une petite corniche, les deux amis dominaient une haute et large caverne qui abritait un lac souterrain. Derrière eux se trouvait une grotte qui comportait trois cavités plus petites et une entrée étroite, facile à défendre.

— Possible, hésita Drizzt. Mais nous n’avons laissé le sorcier qu’à quelques jours de marche d’ici.

— Oublie l’humain, râla Belwar en regardant la trace de brûlure sur sa précieuse veste.

— Et je n’apprécie guère d’avoir tant d’eau si près de l’entrée de la grotte.

— Qui dit eau dit poissons ! Nous aurons des plantes et de la mousse pour nous remplir la panse, et l’eau est presque claire !

— Mais une telle oasis attirera les visiteurs. J’ai bien peur qu’on ne puisse jamais trouver le repos bien longtemps dans un endroit pareil.

Belwar contempla la paroi lisse qui descendait jusqu’au sol de la caverne.

— Ce n’est pas un problème. Les intrus de grande taille ne pourront pas venir jusqu’ici, quant aux petits… j’ai vu la façon dont tu manies tes épées et tu connais la force de mes mains. À nous deux, on pourra s’en occuper.

Drizzt appréciait la confiance du svirfnebelin, et il devait bien admettre que c’était le premier endroit propice à leur installation qu’ils rencontraient. L’eau potable était difficile à trouver dans cette Outreterre aride. Avec le lac et les plantes, ils n’auraient jamais à aller bien loin pour trouver de la nourriture.

Il allait donner son accord quand son regard fut attiré par un mouvement dans l’eau.

— Et il y a même des crabes ! s’exclama le gnome. Magga cammara, elfe noir, il n’y a rien de plus délicieux !

C’était bien un crabe qui était sorti de l’eau, un monstre gigantesque, haut de quatre mètres et doté de pinces capables de couper en deux un humain – ou un elfe, ou un gnome.

— Ça, de la nourriture ? demanda Drizzt en regardant Belwar, l’air incrédule.

Un immense sourire illumina le visage du gnome tandis qu’il frappait son marteau et sa pioche l’un contre l’autre.

Ils mangèrent du crabe ce soir-là, et aussi le jour suivant, et celui d’après, et ainsi de suite. Drizzt commençait à se sentir bien dans ce nouveau foyer.

 

 

L’esprit-fantôme s’arrêta devant le tapis de baruchies. De son vivant, Zaknafein Do’Urden aurait évité un tel chemin ; il se serait méfié des grottes émettant des lueurs bizarres et des mousses luminescentes. Mais, pour l’esprit-fantôme, cela ne faisait aucun doute : Drizzt était passé par là.

Il traversa la grotte – les gaz mortels qu’émettaient les spores à chacun de ses pas n’avaient aucun effet sur lui. Puis vint le grondement annonciateur de l’arrivée imminente du grubber. Zaknafein s’accroupit, les instincts de celui qu’il avait été ayant senti le danger. Quand la créature rampa à l’intérieur de son territoire, elle ne trouva aucun intrus à déloger mais elle en profita pour déguster un bon repas de baruchies.

Une fois le grubber au centre de la grotte, l’esprit-fantôme laissa le sort de lévitation se dissiper et atterrit sur le dos du monstre. Celui-ci avait beau se tordre dans tous les sens, il n’arrivait pas à se débarrasser de son assaillant. Sa peau, épaisse et résistante, le protégeait de la plupart des armes.

Mais pas de celles que possédait Zaknafein.

 

 

Belwar était occupé à mettre en place la nouvelle porte destinée à bloquer l’entrée de leur caverne.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-il soudain en s’interrompant.

Drizzt, qui se tenait près du lac, semblait avoir perçu les mêmes bruits, car il avait lâché le casque dont il se servait pour recueillir l’eau et avait dégainé ses cimeterres. Il leva une main pour faire taire le maître-terrassier et se rapprocha de lui pour pouvoir lui parler.

Le bruit, un claquement sonore, se fit entendre de nouveau.

— Tu sais ce que c’est, elfe noir ?

— Des porte-crocs ; ils ont l’ouïe la plus fine de toute l’Outreterre.

L’elfe chercha dans ses souvenirs la seule fois où il avait croisé de telles créatures. C’était pendant un exercice de patrouille, quand il était encore à l’Académie. Il menait sa classe dans les tunnels conduisant à l’extérieur de Menzoberranzan, quand ils tombèrent sur un groupe de créatures bipèdes dotées d’un exosquelette aussi dur qu’une armure de métal, d’un bec redoutable et de serres puissantes. La patrouille – surtout grâce à l’agilité de Drizzt – en était venue facilement à bout. Mais ce qui avait le plus marqué l’elfe, c’était sa conviction que cette rencontre avait été planifiée par les maîtres de l’Académie, qui n’avaient pas hésité, dans un souci de réalisme, à sacrifier un enfant drow.

— Nous devons les trouver, dit Drizzt d’un ton calme mais menaçant.

Belwar retint son souffle en voyant la lueur qui brillait dans les yeux lavande du drow.

— Ce sont des créatures dangereuses, expliqua celui-ci. (Il avait remarqué la perplexité de son ami.) Nous ne pouvons pas les laisser rôder dans les parages.

L’elfe n’eut pas de mal à les localiser ; il lui suffit de suivre le martèlement des serres contre la roche. Lui et Belwar arrivèrent finalement dans un couloir plus large : là se tenait un porte-crocs, seul, occupé à cogner la paroi avec ses serres, comme un mineur svirfnebelin l’aurait fait avec sa pioche.

Drizzt demanda à Belwar de rester en arrière en lui faisant comprendre qu’il en viendrait à bout plus facilement s’il pouvait le prendre par surprise. Le gnome obéit tout en se tenant prêt à intervenir si nécessaire.

Le porte-crocs, tout à son affaire, n’entendit pas le drow arriver. Drizzt se retrouva juste derrière le monstre et il chercha un moyen facile et rapide de le tuer. Il ne vit qu’une seule faille dans l’exosquelette, une fissure juste à la base du cou, au-dessus du plastron qui protégeait le poitrail de la créature. Mais il ne serait pas facile pour lui d’atteindre sa cible, car le monstre faisait bien trois mètres de haut.

Le chasseur trouva finalement la solution. Il frappa de toutes ses forces le genou de la créature, qui bascula et tomba sur le dos. Agile comme un chat, Drizzt se releva et bondit sur sa proie, ses lames prêtes à plonger dans la zone vulnérable de l’armure de son adversaire.

À cet instant précis, il aurait pu l’achever, mais il vit quelque chose – de la terreur ? – sur le visage du porte-crocs, quelque chose qui semblait en décalage avec l’apparence de la créature. Il reprit le contrôle du chasseur et hésita une seconde. À son grand étonnement, le porte-crocs se mit à parler en langue drow.

— S’il vous… plaît… Ne me… tuez… pas !

Terre d'Exil
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